Le trio inédit constitué par les Etats-Unis, l’Union européenne et Pascal Lamy a réussi à imposer aux pays en voie de développement d’accepter la déclaration ministérielle qui enferme le développement potentiel des pays du sud. Après six jours de négociations acrimonieuses, la rencontre ministérielle de Hong Kong a abouti avec l’adoption d’un texte alambiqué qui ne reflète pas le point de vue des pays en voie de développement. La résistance des G-90, du Venezuela, du Kenya et de Cuba a été marginalisée par l’immense pression des pays développés. Le Venezuela et Cuba ont cependant enregistré leurs réserves sur l’accord de NAMA et sur les services. Le statut légal de cet accord demeure obscur. Selon Walden Bello qui anime le réseau Focus on global South, « l’accord est une recette pour provoquer de nouveaux désastres et ne sera pas convaincant pour les peuples ». La réunion finale des G-20 animée par les ministres des affaires étrangères du Brésil et de l’inde, Celso Amorin et Kamal Nath, n’a pas réussi à masquer ce fait en dépit du fait que ces deux pays se disaient satisfaits des résultats. En acceptant de réduire les tarifs dans l’agriculture, les services et l’industrie, les pays en voie de développement approuvent un texte qui traduit un échec pour le développement et une victoire pour la mondialisation des grandes entreprises. À propos des subsides à l’exportation, l’Union européenne a imposé un prix énorme aux pays pauvres tout en accordant bien peu. Dans la réalité, les subsides à l’exportation par l’UE sont souvent déguisés et évitent ainsi les pénalités en principe obligatoires selon l’OMC. « Le G-20 a vendu les pays en voie de développement. Ils savent bien qu’il n’y aura pas de coupures dans les appuis des pays riches à l’exportation. Le même système qui transfère 55 milliards d’euros aux entreprises européennes va continuer sous d’autres formes », selon Aileen Kwa de Focus on the Global South. « Le Brésil et l’Inde ont laissé tombé les autres en échange d’un plus grand accès aux marchés pour leurs exportations ». L’accord de Hong Kong ouvre la porte à d’autres négociations qui forceront les payses sous-développés à ouvrir leurs marchés au détriment des entrepreneurs locaux et ainsi donc limiter leurs capacités à développer le secteur des services. « Il est clair une fois de plus que l’OMC ne peut défendre le principe du développement tout en le subordonnant aux objectifs étroits de l’accès aux marchés et de la libération des échanges. C’est un mauvais « deal » pour l’agriculture, l’industrie et les services pour les pays du sud ».