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Traduction: Gregoire van Havre

Si les organisateurs de l’actuelle réunion ministérielle de l’Organisation Mondiale du Commerce ont choisi Hong Kong pour leur rendez-vous à cause de la faiblesse toute relative de la justice globale ou du mouvement alter-mondialiste ici, alors ils pourraient bien en être retournés. Car avec les connections politiques, intellectuelles et personnelles qui ont été forgées entre les activistes locaux et les centaines de visiteurs qui se considèrent eux-mêmes part du large mouvement contre la globalisation néo-libérale ou menée par les corporations, les organisateurs de la réunion ministérielle de l’OMC pourraient en fait avoir renforcé – au lieu d’affaiblir – le mouvement global.

 

C’était certain lors du forum intituled “La Chine et la Globalisation : Que savoir à propos de la ‘Nouvelle Chine’ et son importance pour la Justice Sociale Globale”, organisée conjointement par Focus on Global South à Bangkok, l’Internation Forum on Globalization (IGF) de San Francisco, et les organisations basée à Hong Kong Globalization Monitor et Asian Regional Exchange for New Alternatives (ARENA), le 15 décembre dernier au Boys’ and Girls’ Club. L’événement, qui avait été traduit de l’anglais en mandarin et en cantonais, dût être déplacé vers une salle plus grande pour accueillir le flot de participants.

Tandis que les autres groupes de travail et les manifestations organisées parallèlement à la réunion ministérielle ont surtout été composées de délégations internationales, celle-ci avait sans doute le plus grand nombre de participants chinois, dont certains venant du continent et de Taiwan.

Malgré ou à cause de l’abondance de littérature sur la Chine aujourd’hui, le sujet reste peu compris, vu au travers de mythes, et toujours très controversif – surtout à gauche. Le rapport « China Copes with Globalization : A Mixed Review », lancé par l’IFG avant le forum, débloqua certains mythes à propos du pouvoir émergeant. D’après l’auteur du rapport, Dale Jiajun Wen, natif du continent et professeur visiteur à l’IFG, la croissance de la Chine s’achevée sur de grands coûts sociaux. L’inégalité s’est dramatiquement élevée, avec le coefficient GINI de la Chine – l’indicateur statistique pour mesurer l’inégalité – grimpant de 0.2 en 1980 à 0.45 en 2005.

Les statistiques montrant la baisse de la pauvreté masquent comment des millions de Chinois sont en fait devenus plus pauvres en commencant à gagner un salaire en monnaie, tout en perdant de généreux bénéfices sociaux tels que les soins de santé, l’éducation et la sécurité sociale dont ils jouissaient auparavant. L’exploitation dans le travail s’est également intensifiée à la suite de la privatisation par le gouvernement des industries et fabriques textiles. La croissance est également arrivée avec de nombreux dommages environnementaux, la Chine atteignant maintenant la seconde place, juste derrière les USA, des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre. Wen dédie son étude à son père et à ses collègues. « Ils se sont dévoués à construire une nouvelle Chine », écrit-elle, « Ils ne l’ont pas fait pour enrichir quelques personnes ».

L’une des figures de la dite “Nouvelle Gauche” sur le continent, Han Dequiang, participait également au forum, et prévint de la montér des problèmes sociaux en Chine. Il remarqua que la Chine suit une croissance économique à court-terme et qu’une crise économique, similaire à celle qui a ravagé la Thailande, l’Indonésie et la Corée du Sud en 1997, pourrait être imminente à cause de problèmes structurels sous-jacents en Chine. Un autre orateur, Yan Hairong du département d’anthropologie de l’Université de l’Illinois-Urbana Champaigne, parla de la situation difficile des travailleurs urbains migrants, en nombre croissant. Pour beaucoup de jeunes Chinois, travailler en ville est une option préférable, malgré les conditions d’exploitations dans les usines, à l’incertitude de la vie dans les campagnes. Mais il existe un début de résistance. Les actions de protestation et les oppositions au gouvernement ont augmenté de 58000 en 2003 à 74000 en 2004. Au Loong Yu, de l’organisation basée à Hong Kong Globalisation Monitor, a remarqué que la Chine est à peine l’un des fronts de l’assaut global du néo-libéralisme. Il demanda, « Si le néo-libéralisme est notre ennemi commun, comment allons-nous nous y opposer ? ». Se considérant dans le mouvement pro-démocratie de Hong Kong – un mouvement si fort qu’il peut mobiliser jusqu’à un demi-million de personnes dans les rues – Au croit que le moyen d’aller de l’avant est d’assurer que la question de la démocratie et des libertés civiles soit intégrée au combat de la gauche pour l’égalité et la justice sociale – quelque chose que, d’après lui, le gouvernement chinois n’a pas réussi à faire.

Walden Bello, de Focus on Global South, a parlé des sentiments contradictoires de nombreux activistes à propos de la Chine. « A une époque, la Chine était notre espoir. Et puis elle est devenue quelque chose d’autre. Et maintenant, nous la sentons de manière ambivalente ». il remarqua que, tandis que la Chine a suivi une stratégie de développement par les exportations, on peut difficilement la noter comme Etat néo-libéral, comme beaucoup d’autres pays en développement. A cause de la révolution, c’est un Etat qui n’a pas été entièrement pénétré par l’impérialisme, et qui a un sérieux potentiel de gouvernance. Mais en même temps, sa trajectoire de développement actuelle menace beaucoup de pays en développement, et ses ambitions militaires inquiètent ses voisins.

D’importants débats sur le future de la Chine sont en train de se dérouler aujourd’hui en Chine, a dit Bello, et que la Chine mette ses priorités sur la solidarité internationale, poursuive la durabilité écologique, et s’avance vers un democratisation originale pourrait bien determiner si une Asie différente emerge ou non. « Notre rôle », selon Bello, « est d’aider les forces progressives à gagner ces débats ».

Les mobilisations ici à Hong Kong pourraient bien ne faire que commencer.